En ce temps de pandémie, où les frontières sont fermées et les déplacements compliqués, nous sommes nombreux à rester chez nous. En attendant de pouvoir arpenter les routes de nouveau, voici une petite sélection de séries télévisées coups de coeur, qui m’ont fait voyager depuis mon canapé, en compagnie d’un réconfortant rooïbos ou d’une tisane de fleurs d’hibiscus (un cadeau d’une de mes apprenante guinéenne ! Je recommande aussi !)
Stateless
En Australie, quatre destins, quatre points de vue, quatre tragédies, s’entremêlent dans un centre de détention pour migrants. Les quatre angles sont les histoires suivantes :
– Une famille afghane fuyant les violences de la guerre et du patriarcat oppressant.
– Un homme aux revenus modestes qui devient gardien, changeant ainsi de métier, mais également de personnalité.
– Une femme ambitieuse et carriériste au poste de directrice du centre de détention, qui gère, tant bien que mal, tous les tracas et les incohérences de ce lieu.
– Une Australienne perdue, tant géographiquement que psychologiquement, qui parvient à se faire enfermer par erreur dans cette prison d’étrangers.
Cette mini-série m’a particulièrement marquée. Les images, les acteurs, les personnages, le scénario… Tout est formidable. Stateless nous surprend dans ces histoires tressées qui dénonce de nombreuses problématiques découlant de la crise migratoire des réfugiés. Celle qui se passe actuellement en Australie, certes, mais cela fait écho dans les autres pays occidentaux… Y compris la France. Un drame à voir !
Stateless, Mini-série en 6 épisodes, à voir sur Netflix.
Black Earth Rising
Au Rwanda, en Angleterre et en France, une chercheuse juridique d’origine rwandaise et de nationalité anglaise va enquêter sur une affaire judiciaire liée au génocide de Rwanda de 1994. Orpheline rwandaise adoptée par une procureure pénale anglaise, la jeune femme est impliquée personnellement. Ainsi, son investigation va l’emmener bien plus loin qu’elle ne l’imaginait au départ, jusqu’à découvrir ses origines, et déterrer des secrets enfouis du génocide.
Cette mini-série aborde les thématiques du génocide rwandais, des conflits entre les Hutus et les Tutsis, du colonialisme, des suspicions de complicité de l’état français, de la psychologie et du syndrome de stress post-traumatique. Les images sont superbes, et parfois rythmés de récits de souvenirs traumatisants, racontés sous forme de dessins animés poétiques où les horreurs et les meurtres sont représentés métaphoriquement. Une série policière et juridique originale, je recommande !
Black Earth Rising, Mini-série britannique en 6 épisodes, à voir sur Netflix.
La Frontera verde
Dans la forêt amazonienne colombienne, quatre féminicides mystérieux amène une jeune détective colombienne, provenant de Bogota, à enquêter. Elle s’enfonce alors au fin fond de la forêt amazonienne, dans les cultures fascinantes des indigènes de la tribu Nai, dans la magie envoutante de cet endroit, et aussi au fond d’elle-même. Je m’arrête ici au sujet du scénario, pour ne pas vous gâcher la surprise. A la fois policière et fantastique, cette série m’a bouleversée : saisissante et passionnante ! A voir absolument.
La Frontera verde, Mini-série colombienne en 8 épisodes, à voir sur Netflix.
The Serpent
En Asie du Sud-Est, un tueur en série sévit discrètement dans les années 70, manipulant, escroquant et assassinant des voyageurs occidentaux, loin de chez eux. Inspirée d’une histoire vraie qui fait encore froid dans le dos de tout backpacker, cette mini-série dramatique nous tient en haleine. Le séduisant acteur français Tahar Rahim joue si bien ce rôle de meurtrier, qu’on a même du mal à le reconnaître ! L’originalité de cette série réside aussi dans le fait qu’elle se déroule en partie dans le monde des expatriés, des diplomates et des ministères des affaires étrangères, ce qui est assez rare. Une excellente série policière !
The Serpent, Mini-série britannique en 8 épisodes, à voir sur Netflix.
You VS Wild
Dans différents pays du monde, Bear Grylls, aventurier et présentateur phare de la célèbre émission télévisée Man VS Wild, accompagne le spectateur dans diverses missions, dans des endroits hostiles, isolés et sauvages de la planète. La série You VS Wild est du même principe que l’émission télévisée, mais avec une différence notoire : « Man » c’est « You », l’humain survivant dans la nature sauvage, c’est nous, le spectateur. C’est la première fois que je regarde une « série interactive ». Le principe ? Vous suivez le périple de Bear Grylls, qui vous guide et commente chaque détail de la nature, tout en vous donnant des conseils de survie. Mais, à chaque dilemme pour survivre (un objet à choisir, un chemin à prendre, une action à faire…) le guide vous laisse choisir. (Bon, si vous mettez trop de temps, il choisit pour vous au bout de quelques secondes, hein !) Entre le genre documentaire et le « livre dont vous êtes le héros », cette série est assez amusante, divertissante et enrichissante.
Série interactive britannique de 8 épisodes, à voir sur Netflix.
3%
Dans un Brésil futuriste sorti tout droit d’un monde dystopique, le pays est partagé entre deux populations : les pauvres des favelas, représentant la majorité, et les riches, un pourcentage infime. Pour que les pauvres puissent accéder à l’île paradisiaque et ultramoderne des riches, ils doivent passer, à l’âge de 20 ans, une série d’épreuves, aussi bien intellectuelles que physiques et sociales. Les sélectionnés ne seront que de 3 %, d’où le nom de la série.
3 % est une série surprenante, de par ses personnages variés, son scénario et son aspect philosophique. De nombreuses problématiques intéressantes sont abordées au sujet des inégalités, de l’écologie, du racisme structurel, et de la sociologie.
J’ai tout dévoré. Je suis fan !
3 %, Série brésilienne de 4 saisons, à voir sur Netflix.
Sense 8
En Inde, au Kenya, au Royaume-Uni, en Islande, au Mexique, en Corée du Sud, en Allemagne, aux Etats-Unis, huit personnages sont connectés ensemble, psychologiquement, mentalement et physiquement. Ultra-sensitifs, ils peuvent se sentir, se parler et s’entendre, à distance, même à l’autre bout de la planète. Ils découvrent peu à peu leur étrange pouvoir, mais sont également poursuivis par une organisation qui veut les capturer pour en faire des cobayes pour la science.
Sense 8 est maintenant très célèbre, et c’est aussi son succès qui m’a poussé à cliquer. J’ai beaucoup apprécié voyager dans différents pays du monde, me laisser bercer par la poésie des images de bonheur, être troublée par les échanges philosophiques optimistes des personnages principaux, et tressaillir en suivant leurs péripéties. Il faut souligner aussi les nombreuses thématiques sociales abordées : l’homophobie, la transphobie, le racisme, la sexualité, l’identité, la religion… Toutefois, j’ai trouvé qu’il y avait quelques incohérences. Outre l’aspect linguistique bafoué (Pourquoi parlent-ils tous anglais ? C’est dommage…), l’intrigue est souvent désordonnée, y compris au sujet de leur cavale. Mais, dans l’ensemble, il s’agit d’un très bon divertissement, que je recommande vivement !
Série états-uniennes de 2 saisons, à voir sur Netflix.
Bon visionnage !… et bon voyage !
Mathilde Pichot